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fiche 8:L’accès au web et à la lecture numérique des publics diversement empêchés

décembre 20, 2006

Titre 
L’accès au web et à la lecture numérique des publics diversement empêchés 
Auteur
Dominique Burger est ingénieur de recherche à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et président de l’association Braillenet. 
Résumé    
L’accessibilité numérique concerne 50 millions de personnes handicapées, ainsi qu’un nombre croissant de personnes âgées. Elle est devenue une préoccupation majeure dans les pays industrialisés. Le plan e-Europe agit pour leur faciliter l’autonomie scolaire, professionnelle, et personnelle. En défendant ce choix citoyen, l’auteur montre que rendre un site accessible c’est  en améliorer l’ergonomie. Cela favorise la pérennité du service en diminuant les coûts de maintenance dans un contexte d’évolution constante des technologies.
     Dominique Burger définit, en premier temps, la notion d’accessibilité numérique : elle passe par le respect d’un certain nombre de règles dès la conception du document qui permettent à tous, l’accès au contenu de l’information. En terme d’accès, on entend, à proprement parler, la compréhension du message écrit par l’auteur. Certains distinguent accessibilité et ergonomie mais la notion de qualité globale du document, inclue ces deux idées. L’accès à un document numérique repose sur des fonctionnalités qui permettent d’ouvrir une page, d’aller à un index, une table des matières ou encore de pouvoir insérer des marque-pages.     Trois types de déficiences amènent des difficultés de lecture des contenus électroniques sur ordinateur : la déficience sensorielle (visuelle ou auditive), motrice et la déficience intellectuelle ou cognitive (difficultés de concentration, de mémorisation  et de compréhension). Certains malvoyants peuvent utiliser des options de personnalisation des navigateurs ou de Windows pour lire un site web. Mais à un certains stade de déficience visuelle, les personnes doivent utiliser un logiciel spécifique de grossissement des caractères qui permet d’adapter les couleurs, les contrastes et les polices à la vue de l’utilisateur. Les aveugles quant à eux peuvent bénéficier d’un terminal braille ou d’une synthèse vocale. Le problème de ces deux aides est qu’elles ne facilitent pas la compréhension du document, car sa présentation globale est perdue : la mise en page et les signes typographiques qui permettent de parcourir rapidement un document ne sont pas présentés. On dénombre plusieurs degrés de déficience auditive par rapport à l’audition normale (perte de 20 Décibels). Avec une surdité légère (entre 20 et 40 Db de perte), on ne perçoit pas les sons aigus. A partir des déficiences auditives sévères et totale l’appareillage est indispensable. Pour que ces personnes puissent comprendre les messages oraux, le seul dispositif technique existant consiste à convertir les informations sonores en signaux visuels, soit en texte ou en copie d’écran illustrative. Les personnes handicapées motrices ont souvent des difficultés à utiliser leur bras et leurs mains ce qui rend parfois impossible la manipulation du clavier et de la souris. A ce niveau des équipements de remplacement comme le clavier virtuel qui s’affiche à l’écran ou des claviers dont les touches sont plus larges, facilitent la manipulation et le contrôle des outils de lecture et de recherche. Pour les troubles cognitifs et intellectuels qui entraînent une fatigue générale et visuelle il n’y a pas réellement d’outils d’aide. On peut seulement améliorer la clarté, la présentation du document, ainsi que la simplicité des fonctionnalités de lecture. La  « Web Accessibility Initiative » (WAI), développée par le W3C, a produit à ce sujet des guides de recommandations concernant les techniques utilisées pour le web. Ces recommandations sont reconnues par de nombreux pays, qui ont menés des campagnes pour leur application. En France, l’association Braillenet a créé en 2003, le label qualité Accessiweb, en suivant les méthodes du WAI. En 2004, les critères d’Accessiweb ont été intégrés aux référentiels d’interopérabilité de l’administration. D’autres initiatives de ce genre sont en cours dans différents pays, mais il y a un risque réel que ces recommandations du W3C soient comprises différemment ; ce qui pourrait aller contre l’accessibilité numérique en Europe. Actuellement, dans plusieurs pays déjà, les lois ont été renforcées : elles font obligation aux sites web d’être « accessibles ». En Italie par exemple, les administrations et entreprises publiques, ainsi que les organismes privés chargés de services public, doivent tenir compte de cette obligation dans leurs réalisations et appels d’offre. Cependant, en réalité, la mise en place effective de cette obligation demande un dispositif d’accompagnement :

  • sensibiliser à l’accessibilité numérique en faisant prendre conscience du potentiel offert par les nouvelles technologies pour les personnes handicapées.intégrer dans les universités, les instituts universitaires de technologie et les écoles d’ingénieurs, des modules de formation à l’accessibilité numérique.
  • faire de l’accessibilité un critère d’éligibilité dans les appels d’offre publics sur le développement de services numériques et de logiciels.
  • faire en sorte que les outils de gestion de contenus intègrent des outils de vérification des règles d’accessibilité, et intégrer des personnes handicapées lors de l’évaluation des services de communication en ligne.
  • imposer un format de téléchargement des documents qui soit reconnu comme un standard international pour l’accessibilité numérique. Ce dispositif est particulièrement important pour les manuels scolaires, afin qu’ils soient disponibles dans le format de leur choix. Actuellement, le format XML Daisy 3.0 est structuré pour permettre de produire des fichiers accessibles à la lecture en ligne, pour l’impression en braille, ou des fichiers audio en parole de synthèse et des formats PDF. une procédure de certification doit aussi être mise en place pour encourager les bonnes pratiques. Ainsi, comme le montre bien l’auteur, « le développement de la société numérique représente paradoxalement un danger d’exclusion supplémentaire mais aussi une chance à saisir pour des millions de personnes handicapées ». Dans le cadre d’une politique documentaire, l’accessibilité numérique doit être pensé en amont pour qu’elle soit efficace et rentable.

Avis Critique J’ai choisi de faire un résumé de cet article, car généralement on a tendance à considérer le problème de l’accessibilité des personnes handicapées comme une préoccupation secondaire. Or comme le décrit bien Dominique Burger, ce sujet est à penser en amont de la construction d’une collection documentaire, puisque se conformer à la législation en la matière, permet d’assurer la pérennité d’un service et d’éviter les coûts supplémentaires de mise en conformité des outils à l’accessibilité numérique. Il est donc nécessaire d’intégrer les critères d’accès d’une collection dans la formulation de la politique documentaire (charte).D’autre part cet article me renvoie aux propos de Claire Bélisle (1) sur le contrat de lecture à définir pour la lecture à l’écran. Les règles de l’accessibilité numérique, détaillés par Dominique Burger, pourraient faire partie intégrante des critères à établir, en terme de mise en page et de typographie, pour définir les horizons d’attentes de la lecture à l’écran. (1) Lire à l’écran : les enjeux de la lecture numérique, Claire BélisleExtrait de La lecture numérique : réalités, enjeux et perspectives 2005, 287 p., édition Presses de l’enssib, Collection “Référence”, coordinatrice Claire Bélisle.